Mis à jour le 4 octobre 2023
Le modèle de rémunération « centré sur l’artiste » développé par Deezer continue de séduire les acteurs de l’industrie musicale. Après avoir signé un accord avec Universal Music Group, le service de streaming attire maintenant la société d’enregistrement Wagram Music, basée en France. Cette entreprise indépendante et leader dans le développement d’artistes a annoncé lundi qu’elle avait signé un accord avec Deezer pour un modèle de rémunération « centré sur l’artiste » visant à améliorer la distribution des revenus de la musique enregistrée et à en augmenter sa valeur.
Wagram Music, qui possède huit labels musicaux différents, dont Cinq7, Chapter Two Records, Belem et WLab, ainsi que des accords de distribution avec plusieurs labels indépendants tels que Beggars, Radio Nova et Buddha Bar, n’a pas donné de détails précis sur les modalités de son accord avec Deezer. Cependant, nous disposons d’informations sur le fonctionnement du modèle « centré sur l’artiste » de Deezer grâce à l’accord conclu avec UMG. Selon cet accord, les artistes « professionnels » – définis comme ceux dont la musique génère un minimum de 1 000 écoutes par mois et qui ont un minimum de 500 auditeurs uniques sur Deezer – bénéficieront d’une « double augmentation » de leurs revenus. Autrement dit, lors du calcul des paiements de droits d’auteur, leurs écoutes musicales auront deux fois plus de poids que celles des musiciens « non professionnels ». De plus, le modèle de Deezer appliquera une nouvelle « double augmentation » pour les pistes jouées par des artistes recherchés activement par les fans.
Selon le Financial Times, ce modèle devrait augmenter les paiements aux artistes professionnels de 10%. L’annonce de cet accord entre Wagram Music et Deezer fait suite à l’appel de cette dernière pour une évolution du modèle de rémunération traditionnellement utilisé par l’industrie musicale, basé sur une répartition « prorata » des revenus. Ce modèle est critiqué pour l’inégalité de sa distribution entre les artistes reconnus et les artistes émergents. Toutefois, certains acteurs de l’industrie musicale, spécialement ceux travaillant avec des artistes indépendants, ne considèrent pas le modèle « centré sur l’artiste » comme la meilleure solution. Parmi eux, le PDG de Believe, Denis Ladegaillerie, estime qu’un tel modèle pourrait décourager les nouveaux artistes, qui recevraient une part moins importante des revenus de droits d’auteur versés par les services de streaming.
Certaines voix, dont celle de Stephan Bourdoiseau, président de Wagram Music, suggèrent d’apporter des modifications au modèle « centré sur l’artiste » afin d’augmenter le montant des revenus alloués aux artistes moins connus. Cela pourrait passer par une limitation du nombre d’écoutes rémunérées pour favoriser les nouveaux venus. Ils proposent également que les plateformes de streaming facturent un montant fixe pour chaque morceau mis en ligne, afin de compenser les coûts de stockage et de transmission du contenu.
Malgré les débats autour de la pertinence du modèle « centré sur l’artiste », Deezer se réjouit de la collaboration avec Wagram Music, une société qui soutient depuis longtemps des artistes émergents et des stars françaises de renom. Selon Jeronimo Folgueira, PDG de Deezer, ce nouvel accord permettra de récompenser ces artistes pour la création de contenus de qualité.
Cette évolution du modèle de rémunération dans l’industrie musicale montre que les acteurs du secteur cherchent à améliorer la distribution des revenus, tout en respectant les règles de concurrence, de pluralisme et de diversité. Il reste à voir si ce modèle « centré sur l’artiste » se généralisera et contribuera véritablement à soutenir les artistes émergents. Affaire à suivre.