Mis à jour le 15 novembre 2020
Si nous devions faire une liste des actes les plus sous-estimés du métal, Dark Tranquility serait très haut. Avec In Flames et At The Gates, le sextet faisait partie de la sainte trinité de Göteborg des années 90, primordiale dans la définition du genre death metal mélodique. Pourtant, pour quelque raison que ce soit, Mikael Stanne et ses collègues bénéficient rarement du même avis que leurs contemporains tout aussi révolutionnaires. Ceci en dépit d’une carrière de 20 ans sans mauvais albums, et de leur développement dans un paysage sonore unique mêlant la mélodie au métal gothique de type Paradise Lost.
Créé par des hommes qui semblent aussi malades de leur popularité « B + » que leurs fans, Moment est une demande de reconnaissance jugulaire saisissante. Rarement ses créateurs ont semblé aussi urgents qu’ici, rassemblant toutes leurs forces dans un voyage de 50 minutes. Le 12e album de Dark Tranquillity commence avec ses pieds les plus agressifs et flashy en avant, avant de se déployer progressivement dans une sérénité désespérée qui, bien que plus douce, ne se sent pas moins essentielle. Les premiers morceaux Phantom Days et Identical To None établissent une épine dorsale charmante, canalisant les piliers de Melodeath avec leurs crochets simples et grognés et leurs leads de guitare héroïques.
Cependant, ce n’est que dans la seconde moitié de Moment que le potentiel de lutte pour les nouveaux arrivants se lève. A Drawn Out Exit satisfait l’intellect avec ses signatures temporelles étonnamment progressives; Eyes Of The World qui suit possède l’un des refrains les plus forts de DT à ce jour, équilibrant des grognements bruts avec un chant rock gothique accrocheur mais douloureux. Le refrain de Failstate, soutenu par un synthétiseur, se juxtapose avec un appel au vigoureusement primitif, et enfin, In Truth Divided se révèle un épilogue résolument non métallique, défini par ses belles touches et ses percussions décontractées.
Anthémique, palpitant et déchirant, Moment est la sortie avec laquelle DT mérite de saisir cette bague en laiton insaisissable. À égalité avec les contemporains At The Gates, il s’agit d’un grand effort digne de louange du genre.