Le premier album éponyme de Bright & Black : les membres d’Opeth, Meshuggah, Apocalyptica, Entombed AD et Watain s’unissent pour créer du métal orchestral épique.
Depuis qu’Eddie Van Halen a révolutionné le jeu de la guitare avec un style dérivé de sa formation de pianiste pendant son enfance, les liens du métal avec la musique classique sont évidents pour quiconque y prête attention. Cela n’est jamais aussi vrai que dans le métal extrême, où les différentes couches de complexité contrastée sont le son de sections orchestrales distillées dans les guitares, la batterie et la basse.
Bright & Black cherche à annoncer cet héritage, en demandant à un large éventail de musiciens de métal de composer pour l’orchestre philharmonique de la mer Baltique, avec – pour des raisons évidentes – Eicca Toppinen d’Apocalyptica comme soliste. Cet ensemble féroce est dirigé par l’innovant Kristjan Järvi, qui a fait carrière en repoussant les limites de ce que peut être le classique moderne.
Les résultats sont souvent surprenants. Bloodgrind, composé par Nico Elgstrand d’Entombed AD, est du death metal sans distorsion, porté sur un rythme entraînant. Même les voix dures sont imitées par des percussions grinçantes, pour des résultats étonnamment efficaces. Collateral Damage d’Eicca a une portée cinématographique, ses cordes gracieuses entrecoupées du genre de partition qui renforce habituellement les confrontations épiques sur grand écran.
Erik Danielsson propose une lamentation émouvante sous la forme de Mounts Of Misfortune. Audacieux et entraînant, il met en lumière la fervente passion qui alimente depuis longtemps Watain. Les puzzles rythmiques caractéristiques de Tomas Haake de Meshuggah et Dick Lövgren sont immédiatement reconnaissables sur Armies Of The Preposterous.
Il suffit de dire qu’il s’agit d’une interprétation fascinante d’un genre que beaucoup dans le monde classique considéreraient comme lowbrow, alors qu’il repousse en fait les limites de ce qui est possible avec la composition musicale à plusieurs niveaux depuis des décennies. Le métal a pris le flambeau de la musique classique et a couru avec, ce qui en fait un album plus important pour la musique classique que pour le métal. Nous savons depuis des lustres de quoi cette musique est capable ; espérons que l’album ouvrira davantage d’oreilles et d’yeux aux possibilités.